Il faut deux ailes pour voler

Les deux compères n’y parviennent pas. Diminuée, Angela Merkel privilégie la résolution de ses problèmes internes, forçant Emmanuel Macron à abandonner ses ambitions.

La chancelière se contente de proposer d’élargir l’Eurogroupe aux ministres de l’économie, lorsqu’ils sont distincts de ceux des finances. Avec pour mission de veiller à la compétitivité de la zone Euro et à la cohésion de ses membres. Ce que recouvrent ces notions représentant dans son esprit la promotion du modèle allemand.

Dans son discours de Strasbourg, Emmanuel Macron a pris acte de l’impasse dans laquelle il s’est fourvoyé. Sans identifier les moyens de la concrétiser, il s’est appesanti sur sa vision de l’Europe et de la « souveraineté européenne », se contentant d’appeler à des réformes urgentes sans les identifier et remisant toute velléité de feuille de route.

Le bouclage du budget de l’Union, une fois délesté de la contribution britannique, a été au centre de ses propositions du moment. Ont été évoqués le financement d’un budget destiné à soutenir les collectivités locales acceptant d’accueillir des contingents limités de réfugiés, ou celui des mesures destinées à combattre le changement climatique grâce à la taxe carbone, ainsi que l’adoption d’une nouvelle taxe sur l’économie numérique afin de boucher le trou, une fois acquis l’augmentation de la contribution française.

En s’en tenant à ce programme peau de chagrin, le président français hisse le drapeau blanc, ne parvenant pas à entraîner ses partenaires allemands sur le chemin qu’il voulait emprunter après avoir cru pouvoir mieux faire que François Hollande. Résultat, pour accréditer son plan de relance européenne, il ne lui rest plus que de grandes phrases pour meubler.

Côté allemand, les nominations qui pleuvent au sein de l’appareil gouvernemental parlent d’elles-mêmes. Des soutiens affirmés à la politique de Wolfgang Schäuble entourent désormais le ministre des finances du SPD, qui se verrait adjoint au sein de l’Eurogroupe le ministre de l’économie Peter Altmaier, un proche d’Angela Merkel, si la proposition de son élargissement est comme probable retenue. Pour que le dispositif de bouclage soit parfait, il ne reste plus que la nomination des successeurs de Jean-Claude Juncker et de Mario Draghi. Patience !

34 réponses sur “Il faut deux ailes pour voler”

  1. Si personne ne veut bouger , on pourrait comprendre que Macron soit tenté de resserrer des liens avec l’oncle Sam et les petits fils de Guillaume le conquérant .

    Techniquement , ça doit être jouable (ça vient de le faire) , tradition et inclination historique .

    L’ennui , c’est que ni ces cons de pays européens , ni ces salops capitalistes d’anglo-saxons n’ont de vision qui pourrait déclencher le grand amour :

    Liberté , Egalite , Fraternité étendue au vivant .

    1. Autrement dit :
      Le petit Macron, il est largué.
      Il dirige (?) un pays ruiné et déconsidéré par les agissements de sa caste et que plus personne ne prend au sérieux, surtout quand c’est lui qui dit.
      Alors, puisqu’en Europe plus personne ne l’écoute, il s’en va jouer aux missiles avec les anglo-saxons.
      Techniquement, c’est pitoyable.

        1. Juannessy,
          1°) Je ne vois pourtant rien à redire à mon post qui me semble joliment tourné et plutôt modéré. Allez, je veux bien retirer « petit » de « petit Macron », mais c’est bien pour vous faire plaisir.
          2°) Même ses missiles ne font pas comme il veut, et il y en a un bon tiers qui ont refusé de partir. C’est trop inzuste.
          3°) S’il n’est que le troisième président de suite qui tente de se donner une stature internationale en allant bombarder, il est le premier à réussir à le faire sans mandat aucun. Sa politique de droite pure, ça ne fait des dégâts qu’en interne; son orléanisme bon teint, malheureusement, c’est du classique; mais là, on entre dans le grave.
          4°) J’ai un calembour, je sens qu’il ne va pas vous plaire, mais je craque : Macron, il est tellement habitué à ne penser et n’écrire qu’en anglo-ricain qu’il s’est trompé : il voulait être Poutine, il ne fut que Putin.

          1. Ignorant 1 , 2 et 4 , j’exprimerai sur 3 , que si vous pensez vraiment qu’un président (français , quelque soit son bord ) déclenche une frappe comme celle récemment faite , « pour se donner une stature internationale » , j’aurai de la peine à accorder du crédit à vos commentaires .

          2. A partir de quel mesure d’ego ,est il vain de se poser des questions ?

            On mesure l’ego avec quelles unités ?

            L’ego de juannessy est il inférieur à celui de jeanpaulmichel ?

          3. On mesure l’ego avec quelles unités ?

            Je propose quatre éléments objectifs d’évaluation :
            – circonférence crânienne (réelle ou supposée),
            – inflation de la circonférence des chevilles,
            – sortie des flatulences à un niveau supérieur à celui de leur lieu d’émission habituel,
            – incapacité de l’émetteur à en percevoir la fragrance.

    2. Bref, sans un choc d’ampleur, intérieur ou international, il n’y a pas de raison de penser que les choses changent à cause de cette impuissance de l’UE à voler de ses propres ailes.
      Or, en a-t-on fini avec la crise en Europe ?
      Alexis Tsipras : « C’est comme quand l’eau se retire après un tsunami, on est confronté aux conséquences. »
      Plamen Tonchev : « En théorie, la Grèce est sur de nouveaux rails. Mais comment faire avancer ce train si la locomotive, les wagons restent tous abîmés, et si le conducteur renâcle ? »

  2. Les promoteurs d’une plus grande intégration (politiques et médias) ont laissé leur curseur sur les Seventies (CEE, 6 à 9 membres, 2 Allemagne etc..) avec pour leitmotiv:  » Ce que la France veut, l’Europe le fera » ou encore  » Ce qui est bon pour la France, est bon pour l’Europe ». Mais les temps changent… Quelle cécité!

      1. On ne fait pas l’Europe par principe , « avec » .

        On fait d’abord « Pour ».

        Et les « pour » que j’imagine encore ( en principe avec la ligne éditoriale du blog ) , mènent à un truc qui ressemble à l’Europe , qui me semble encore être le passage obligé de raison sinon de cœur .

        Sinon le monde restera celui des consommateurs triomphants et mortifères , ou deviendra une dictature eugéniste , transhumaniste ou pas .

        L’Europe n’a pas de problème autre que les nôtres , ici et ailleurs .

        Qui en voudra à celles et ceux qui ont , par leurs talents ou leur sang , ici et ailleurs , contribué à placer l’homme comme leur « raison d’être » , de ne pas renoncer à l’histoire de
        l’ humanité ?

        A tout prix , avec qui veut l’entendre et le partager .

    1. Macron a été au cœur de la crise de la dette grecque au point de se faire jeter des négos par les allemands. Donc il sait parfaitement bien ou il mets les pieds. En tant qu’ex banquier je pense que le problème de la dette ça doit aussi lui parler.
      Il était au gouvernement quand Hollande s’est cassé les dents sur un budget de la zone euro. Il y a une constance dans ce que demande la France et aussi une constance dans les refus qu’elle essuie.
      Mais la première condition pour faire évoluer, n’est ce pas le verbe et de proposer quelque chose de logique et qui va dans le bons sens? Je préfère ça plutôt que de se moquer sans relâche de l’initiative initiale et de se réfugier toujours plus dans une joie mauvaise du refus auquel le président est confronté?
      Si vous avez mieux et plus efficace à proposer ne vous génez pas pour monter un parti et une candidature aux européenne, ou pour nous dire quel hypothétique pays de cocagne à l’abris de l’antropocène où nous pourrions aller et donner un avenir à nos gosses…
      Mais ça me rapelle quelqu’un à barbe blanche a ça en tête et qui justement ne fait pas du Macron bashing H24, loué soit il.

      1. Entre autres, bien vu Arnaud je plussoie, sans parler de « réveiller » les pays zassoupis du « vieux monde » « frileux » et peu « solidaires » de fait, prompts à la critique komdab et incapables de proposer quoi que ce soit de constructif et/ou d’émancipateur pour faire évoluer les instances ie le projet des pères fondateurs européen :

        Macron face aux «somnambules» de l’Europe
        http://www.leparisien.fr/politique/macron-face-aux-somnambules-de-l-europe-18-04-2018-7671282.php

        Macron: vous ne voulez plus de l’Europe? Vous aurez plus d’Europe!
        Dites bonjour à la « souveraineté européenne » !
        parAnne-Sophie Chazaud – 18 avril 2018
        https://www.causeur.fr/macron-parlement-europe-strasbourg-souverainete-150653

        1. ps : parAnne-Sophie Chazaud

          contre exemple volontaire à l’image de l’interpellation d’E Macron à Philippot au PE …le « catéchisme » de Philippot et le « catéchisme » de Chazaud , même égout.

  3. Le pari macronien sur l’Europe est en passe d’être perdu. Il comptait sur l’Allemagne, il a mis tous les moyens pour ce faire, il a joué au bon petit élève auprès de Merkel, il a tout fait pour donner le maximum de gages à la politique de Bruxelles, etc…Et nein ! Un des piliers de son programme est dans l’impasse. Si ce n’était le tragique de la situation, ça va être intéressant d’observer à quelle acrobatie il (et ses acolytes) vont dorénavant devoir jouer pour meubler cet échec. Toute la stratégie va devoir être changée et il va falloir imaginer autre chose, et vite ! (sauf à finir son quinquennat comme un Hollande, voire en pire, compte tenu des mesures accélérées de précarisation et d’austérité mise en oeuvre (loi travail II, privatisations, statut des fonctionnaires, creusement des inégalités, etc…), pour un résultat, qui passée la légère embellie économique actuelle due essentiellement à une conjoncture internationale favorable, promet un retour brutal…

    1. Exactement.

      Avec son verbe haut, l’assurance qu’il projette et la confiance plus grande dont il bénéficie parmi les pro-européens, bref avec son image incomparablement meilleure, Macron est doucement en train de se retrouver dans la même situation que Hollande.

      Il applique comme il l’avait annoncé des réformes avec l’orientation que l’on sait, avec les conséquences que l’on connait – voire Italie, Espagne pour des exemples – et son espoir de pouvoir les compenser en réformant l’Union européenne dans un sens plus intégré et plus protecteur est déjà déçu.

      Ce n’est pas surprenant, car il se heurte à l’obstacle des intérêts nationaux divergents. C’est un fait que l’intérêt national allemand sur plusieurs de ces sujets est nettement différent de l’intérêt national français, ou italien. Et c’est encore vrai des autres pays, ces trois-là n’étant que les plus grands de l’UE à 27, encore faudrait-il parler des 24 autres.

      Ce fait n’a pas tendance à se relativiser, il se tend encore au contraire, au moment où les différents « populismes » poussent les gouvernements de leurs pays tentant d’en tenir un peu compte tout de même dans des directions… différentes ! Car de fait il n’existe pas un « populisme », mais plusieurs ! Voir la carte établie par Le Parisien http://s1.lprs1.fr/images/2018/03/11/7601898_web-carte-europe-populisme-extreme-droite-politique.jpg … des partis comme l’AfD en Allemagne et Podemos en Grèce, le FPÖ en Autriche et M5S en Italie etc. ont peu en commun, sinon l’exigence que la politique de leurs pays respectifs soit dirigée en fonction de ses intérêts propres.

      L’Union européenne, c’est le pari consistant à trouver des compromis fonctionnels voire une unité à un niveau supérieur à celui des différents pays. Ce pari a été joué plusieurs fois par plusieurs présidents français, le pari proposé par Macron et choisi par la majorité des Français n’est que la dernière tentative en date.

      Il échoue, à chaque fois.

      Si l’Union européenne est le seul projet humaniste possible, je soupçonne que l’humanisme n’a pas beaucoup d’avenir.

          1. Je l’ai déjà assez largement exprimé ici , et autant que mes affects et ma raison ont pu en juger et en jugent : non , je ne vois pas d’autre chemin dans l’environnement mondial.

            C’est dire si je me sens bien catastrophé quand les opinions rapides de café du commerce rassurent à « bon » compte les contents d’eux .

          1. L’humanisme ,sous une forme un peu théorisée,, en tant qu’il est la recherche de l’harmonie entre l’homme et la nature , en même que l’harmonie entre les hommes , voire l’harmonie de  » l’homme » avec lui même , a consisté à nous faire le centre du monde . Il me parait que la fusée de lancement est plutôt d’origine gréco-latine , a cheminé par la culture médiévale , la Renaissance bien sur . Il n’est sans doute pas faux de dire que c’est en grande partie un « fruit » de la « vieille Europe » .

            Il a eu à souffrir de la psychanalyse ( et pourtant l’humanisme est une forme d’anthropologie) , du structuralisme , voire ( puisqu’on fête les anniversaires) de Mai 68 où , paradoxalement , cet idéal « chrétien de gauche » , a été travesti des habits de la droite la plus conne ( Pinochet , monseigneur Lefebvre …). L’humanisme de droite est un faux nez pour mentir aux majorités .

            L’humanisme , à mon penchant , joignant l’affect et la raison , c’est la tentative perpétuelle de donner un contenu « réel » à ce pari qu’est l’idée de l’homme posée comme « raison de vivre » , capable de penser « l’humanité »
            ( les hommes ) à la fois comme un et totalité .

            L’Europe et ses constructions fragiles , me restent le seul espoir sérieux que ce pari ne soit pas vain .

            Mais si nous ne savons pas faire de « l’homme » une réalité au delà de l’utopie , le monde n’a pas de sens , la politique n’a pas de raison d’être .

            L’humanité, explique l’amour et la mort , elle est en l’homme , et au delà de lui .

            Elle est en danger .

            https://www.pauljorion.com/blog/2012/10/21/finance-et-ethique-une-approche-pragmatique/#comment-373388

          2. Jacquot ne tournons pas autour du pot. Pour vous, l’humanisme peut très bien vivre sans l’Europe ou l’Union Européenne Des lors pourriez vous être un peu plus précis pour remonter le moral de Juan et crédibiliser un peu plus votre réponse.

          3. @ Juannessy

            Et l’Afrique, berceau de l’humanité, ne pourrait-elle pas devenir le prochain terreau pour l’élaboration d’un nouvel humanisme ?

            « Je suis le maillon de la chaîne des hommes qui doit transmettre à mes descendants la vie que moi-même ai reçue et qui ne m’appartient pas. »
            (Tradition orale africaine)

            Léopold Sédar Senghor : « L’anthropologie, l’histoire, démontrent que toutes les grandes civilisations sont de métissage biologique et culturel et que celles-ci ont commencé par s’élaborer aux latitudes de la Méditerranée, à la rencontre des Blancs, des Jaunes et des Noirs. (…) Et j’avais découvert, au bout de ma réflexion, que c’était le miracle du métissage, biologique, mais surtout culturel, qui avait crée la civilisation grecque, comme, auparavant, la civilisation égyptienne. (…) L’élaboration d’un nouvel humanisme comprendra, cette fois, la totalité des hommes sur la totalité de notre planète. Le problème se pose en termes de complémentarité, de dialogue et d’échanges, non d’opposition, ni de haine raciale. »

          4. Les africains ont à coup sur des choses fondamentales et riches à apporter au monde .

            Mais j’ai peur que le délai imparti ne permette pas qu’ils trouvent les moyens d’agréger significativement leurs forces pour en faire un modèle de vie commune , et la Chine est en train de phagocyter leurs énergies.

          5. Votre raisonnement, Juannessy, se tient toujours, mais curieusement, il me rend plus optimiste sur une possible solution. Fonder un nouvel humanisme – tout en restant dans les temps – en construisant « un grand pont » (c’est une image, vous me voyez venir) entre les deux rivages de la mer Méditerranée …

  4. « Les africains ont à coup sur des choses fondamentales et riches à apporter au monde . »

    Oui, merci. Bien évidemment, et aussi une grande et belle vitalité et une formidable créativité et hélas, beaucoup de dictateurs bien corrompus.

    « Que l’Afrique soit au centre des intérêts, ou des projections futures n’est pas nouveau : ils sont parfois presque exclusifs, comme le militaire à Djibouti, le pétrole au Soudan. Et parfois mêlés comme au Tchad. Mais ces dernières années, les puissances étrangères développent des démarches plus diversifiées et complètes. Nouvelles stratégies, new deal français : y a-t-il une concurrence des offres et comment s’organise-t-elle ? »

    Chine vs Etats-Unis vs France : la concurrence des influences étrangères en Afrique?
    https://www.franceculture.fr/emissions/les-enjeux-internationaux/chine-vs-etats-unis-vs-france-la-concurrence-des-strategies-africaine

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